Mais comme je chronique aussi, j'ai choisi (exprès, tu penses bien, ami lecteur, mais je ne te dirai pas pourquoi) "La vitre" de Fabien Muller. Si vous me permettez, je dédie cette chronique à mon Papa, parti trop tôt rejoindre les étoiles. Bisous, mon Papa adoré.
Let's go, donc, pour la chronique d'un livre surprenant, qui brise nos certitudes telle la vitre de son héroïne.
Pour écouter la chronique, il faut cliquer ici : La vitre en audio par La Muse
Pour la lire, ben c'est là :
C’est l’histoire d’Hélène, 28 ans, Hélène qui n’a pas trop le moral,
et le lecteur va vite comprendre pourquoi. Née trop tôt, morte, re-née, placée en couveuse, re-morte, née
donc plusieurs fois (si, si), on se demande même si elle a été désirée…
Sa vie-drame va donc se jouer pendant son enfance et son
adolescence, racontée pourtant d’une telle façon qu’on en arrive à sourire : «
si une ambulance passe dans le coin, cherchez pas c’est pour moi. »
Hélène a 10 ans quand elle va commencer à écrire, « fascinée
que l’on puisse écrire des choses qu’on ne ressentait pas dans la vraie vie ».
Hélène traverse la vie comme elle l’a commencée, en
regardant au travers d’une vitre, qui semblait la protéger parfois, et souvent
pas : « je me cassais un os quelconque de l’homme dont le nom n’a été inventé
que pour coller les étudiants en médecine ».
Elle travaille dans une bibliothèque, elle est
« écrivain, ou plutôt écri-vaine », comme si tout ce qu’elle
entreprenait était voué à l’échec. Elle fait également quelques piges pour des
magazines féminins qui apparaîtront en interludes « vu de l’intérieur, c’est
quand même pas terrible», avec Éric son patron, le « gourou » qui quand il
parle « les femmes se taisent et les hommes acquiescent ». Hélène placera quand
même deux chapitres sans numéro.
Interlude (car moi
aussi, je sais faire) :
Quand on commence ce
livre, et pour peu qu’on connaisse un peu l’auteur, on se dit qu’il y a mis une
sacrée part de lui, mais au féminin. Mais ça, c’est juste quand on le commence.
Parce que rapidement, le lecteur sera vite happé par l’excellente
intrigue : ce n’est plus Fabien Muller qui écrit, c’est bien Hélène qui
raconte son histoire. (fin de
l’interlude).
Si jamais nous n’avions pas compris, Hélène n’est pas
heureuse, et surtout, elle ne supporte pas les gens heureux. Elle ne fait que
passer dans la vie, bien cachée derrière sa vitre, pour ne pas être trop vue et
remarquée. Mais comme elle le précise « qui suis-je pour me
juger ? ».
Et un jour, sa vie va basculer. Elle va rencontrer une
petite fille. La fille de son voisin. Une petite avec de la répartie, ce qui va
lui plaire, comme son voisin, d’ailleurs.
Le lecteur va ainsi écouter Hélène, dans ses péripéties, ses
phases de construction, ou de reconstruction, ce passage obligé loin de cette
vitre qui la protégeait, parfois.
Mais, d’un coup, la vitre va se briser, voler en éclats, en
mille morceaux. Une vitrine, des bouts de verre, des pleurs, des peurs … Mais tout
est si parfaitement et très subtilement emmené avec douceur ; cela ne fera
qu’accentuer la violence extrême de cette brisure : « le chaos
s’enroule autour de moi… mes sens me lâchent les uns après les autres ».
Hélène va devoir apprendre à survivre et pas seulement pour
elle : « rien d’autre ne me retient que cette petite main dans la
mienne ». Et sans faire d’effort (en tout cas, elle le pense), Helène va
apprendre à (re)vivre : « donner sans attendre quoique ce soit en
retour valorise l’image que j’ai de moi-même ».
Mais cette seconde partie sera étrange, ponctuée de rapports
médicaux du passé, de vitres qui se brisent encore et encore… en éclats, en
mille morceaux… de détresses, de découvertes, de questionnements ... Le lecteur
va passer de la vie d’Hélène-dépressive à celle d’une héroïne qui va se battre pour
non seulement comprendre le lourd secret que son amoureux lui a laissé mais
aussi pour sauver une vie, qui n'est pas la sienne.
Fabien Muller signe avec « La vitre » un excellent
thriller psychologique, promenant les mots au gré des pages, distillant les
informations exactement au moment où le lecteur s’y attend le moins, brisant
nos certitudes telle la vitre de son héroïne.
Je remercie son éditeur, Olivier Morattel, pour sa confiance
et son envoi en SP, et bien évidemment, Fabien Muller, pour avoir réussi le
tour de force d’écrire un thriller poignant, avec une pincée d’angoisse, une
autre de rire, une troisième de courage, que j’ai eu un réel plaisir à lire.
"La Vitre" de Fabien Muller. Editions Olivier Morattel.
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